Le roi nu

Chroniques d'actualité, avec des attributs royaux qui pendouillent.

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Du coup, le roi nu passe en opensource.

Depuis quelques semaines, et plus intensément ces derniers jours, le roi nu subit des intrusions dans son code source. C’est son miministre de la défiscalisation des Gaffammés qui l’a alerté :

— Majesté, nous avons trouvé des traces de votre code royal dupliquées çà et là sur la toile de Jouy. Il semblerait que d’aucuns de vos concisujets hackers tentent de s’approprier votre auguste majesté et de l’encoller sur leurs murs. Je suis dévasté d’inquiétude !

—Voyons, mon bon Thierry ! C’est de bon augure. Cela montre l’attachement de notre bon peuple à notre monarchie numérique anticonstitutionnelle.

— Certes, Majesté. Mais mes services m’ont rapporté quelque caricature de heu, comment dire ? C’est délicat…

— Parlez Thierry, ne tournez pas autour du trône.

— C’est à dire que des caricatures désavantageuses de vos attributs royaux qui pendouillent sont encollées de façon virale sur la toile de Jouy des murs de vos concisujets.

— Comme c’est amusant ! Mes concisujets sont décidément pleins de ressources pour affronter nos temps difficiles. Si mon code source peut soulager le fardeau de leur peine… Vous pensez bien que depuis le 17 mars que je suis nu, j’ai eu le temps d’en accepter les aboutissants.

Du coup, le roi nu se sent tout guilleret. Lui qui se repliait de plus en plus sur sa propre majesté, il se sent considéré, reconnu, vivant, débougri. Puisque de toute façon, son code source a été hacké, autant en faire un atout. Du coup, il décide de passer à la télé :

— Mes chers concisujets, déclare-t-il, face aux défis de notre temps, nous devons rester unis [car un bon discours commence toujours par une phrase creuse et consensuelle]. Afin de vous soulager, poursuit-il, de la contrainte du couvre-feu que nous avons déployé en l’essentiel du royaume, ma Majesté a décidée d’ouvrir son code source et de passer en licence Creative Commons. Appropriez-vous le roi nu autant qu’il vous plaira, dupliquez-moi, modifiez-moi, augmentez-moi, réinventez-moi. Mais n’oubliez jamais ma nudité, car c’est elle qui nous rassemble [car un bon discours termine toujours par une phrase creuse et consensuelle].

Du coup, le roi nu fait l’expérience du fameux « lâcher-prise » ou « acceptation », dernière étape du deuil. Donc première étape du reste de sa vie.